Hypnose-TAC

L'hypnose est une approche très ancienne en France, enrichie par les apports de Milton Erickson et d'autres comme François Roustang.

L'exploration neurophysiologique montre que l'hypnose module les processus perceptifs, cognitifs, émotionnels et moteurs.

L'hypnose en tant que phénomène est très intéressant à utiliser pour un thérapeute expérimenté, elle peut par exemple être banalement utilisée dans la conversation avec la personne en demande de soins sans que celle-ci ait nécessairement baissé ses paupières.

L'hypnose génère un état naturel qui peut être induit par le thérapeute en relation avec une personne. C'est cette relation qui agit comme un processus d’influence réciproque.  Cet état de "transe légère " dans lequel se met la personne peut lui permettre de résoudre des situations en accédant à ses propres ressources imaginaires. Une dissociation légère peut être également utilisée dans l'état de transe dans lequel se trouve la personne.

Ensemble, dans un état d'harmonie de conscience, le thérapeute et la personne mobilisent et activent les ressources de la personne par l’utilisation active de ses six sens, en pleine conscience de la personne, ainsi que sa motricité. C'est cette relation qui permet d'amplifier l'activation des ressources de la personne dans un  effet thérapeutique. Dans une approche éricksonnienne, il s'agit surtout de mobiliser  ce qui peut être mobilisable : les ressources de la personne.

Si c'est d'abord l'hypnothérapeute qui commence quelque chose c'est ensuite  la personne elle-même qui va ultimement pouvoir agir avec conviction grâce à ses propres ressources. Le thérapeute créera simplement d'abord des conditions propices permettant l'état hypnotique, en quelque sorte un climat favorable.  Il utilisera de façon positive et métaphorique le matériel apporté par la personne elle-même. Cette conjugaison heureuse est susceptible de nourrir le changement auto-réparateur possible surtout dans un registre non verbal à un niveau plus émotionnel.

Pour Tosti (2023, p72), "le rôle de l'hypnothérapeute est de permettre au patient, dans un contexte sécurisant, de se laisser aller à faire une expérience de modification perceptive, dans la perspective d'un soulagement".

Selon Yapko (2006) on peut aussi utiliser l'hypnose pour traiter la dépression en ayant comme visée essentielle de permettre à la personne déprimée de reconnaître et de tolérer l'ambiguïté, l'incertitude  d'une situation, lui apprenant ainsi à générer des attentes réalistes.

L'hypnose  peut être utile également dans le cas du retraitement d'un psychotraumatisme. Par exemple on peut utiliser la double dissociation (Guinard, 2020), à savoir dissocier, chez la personne en transe hypnotique, le degré d'exposition au revécu traumatique et ses éprouvés visuels, sonores, olfactifs ou kinesthésiques (dissociation émotionnelle). Ceci lui permettrait de revisiter l'événement sans se sentir débordé par des émotions trop invasives.  L'hypnose permettrait aussi d'inviter ultimement la personne à envisager un changement de scénario  jusqu'à ce que ses sensations s'atténuent et qu'elle puisse sortir de la même séquence traumatogène. Le changement peut impliquer une remise en action complétant ce qui n'avait pas pu se faire initialement.

On peut également utiliser l'hypnose chez des personnes ayant souffert des traumatismes de l'enfance et  exprimant une dissociation complexe de la personnalité. Ainsi on peut favoriser la collaboration interne entre les parties en suggérant l'imaginaire d'un lieu de rencontre, par exemple tel que Fraser a pu le concevoir avec sa table dissociative : une salle de réunion avec table et chaises où peuvent s'assoir ou pas les parties (certaines pouvant juste écouter sous la table), (Fraser, 2003). L'oscillation entre le passé et le présent faciliterait le retraitement.

Evidemment le préalable est la présence contenante du thérapeute, son acceptation inconditionnelle du monde de la personne, et l'établissement d'un espace où  la personne se sentira en totale sécurité. Ainsi, l'expérience d'une nouvelle façon de se situer permet ultérieurement un élargissement du champ des possibles et la bifurcation volontaire par la personne elle-même.

Cependant selon certains, in fine, il n'y aurait pas de pouvoir hypnotique mais plutôt  "de l'auto-hypnose relationnelle" (Ostermann,2016) c'est-à-dire une  alliance entre une certaine qualité d’accompagnement relationnel et un état de conscience modifié, qui permettrait de ressentir différemment pour que quelque chose advienne.

Pour Brassine et Tonglet (2022) s'inspirant de Kay Thompson (1979), on peut entraîner une personne à un phénomène hypnotique  en expliquant sa fonction protectrice, et l'entraîner à l'utiliser dans une participation consciente et active. La personne peut être active, parler, être  dans un état dynamique mais avec une perception différente, en utilisant son propre imaginaire et sa mémoire.  Induire la relaxation par une hypnose "engourdie" et stéréotypée n'aurait d'autre utilité que la... relaxation.

Le Dr Becchio et ses collègues du CITAC (Collège International des Techniques Activation des Conscience), à partir de leurs expériences d'utilisation de l'hypnose ericksonnienne ont élaboré un nouveau modèle nommé les Thérapies par orientation de l'attention et  Activation de Conscience (TAC). 

C'est le Pr Joanic Masson qui m'a d'abord sensibilisé à l'Hypnose puis J'ai été formé pendant une année à l'Institut Français d'Hypnose (Cycle 1), puis en Hypnose conversationnelle à l'Université Versailles St Quentin-en-Yvelines (pôle Médecine) . J'ai également été formé par le Dr Jacques Guinard à la prise en charge du trauma complexe en hypnose.

Bibliographie:

Becchio, J.; Suarez,S. (2021). Du nouveau dans l'hypnose. Paris : Odile Jacob.

Bioy, A. (2017). L'hypnose. Paris : Que sais-je ?.

Brassine, G.; Tonglet, N. (2022). Surmonter le traumatisme. Initiation à la PTR. Bruxelles : Satas.

Cheveau, C. (2014). Guérir d'un traumatisme psychique par l'hypnose. Paris : Josette Lyon.

De Soir, E; Van Der Hart, O. (2022). « L’utilisation de l’hypnose dans les troubles traumatiques et dissociatifs », La Revue de l'hypnose et de la santé N°18 (1), pp. 82-92.

Fareng, M. & Plagnol, A. (2014). Dissociation et syndromes traumatiques : apports actuels de l'hypnose. PSN, 12, 29-46. 

Fraser, G.; Fraser, A. (2003). "Dissociative table technique" revisited, revised : A strategy for working with ego-states in dissociative disorders and ego-state therapy. Journal of Trauma ans Dissociation 4 (4), 5-28.

Gueguen J, Barry C, Hassler C, Falissard B. évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose. Inserm. Juin 2015

Guinard, J. (2020). Psychothérapie du trouble de stress post-traumatique par double dissociation en programmation neuro-linguistique/hypnose : étude sur 9 patients. Journal international de victimologie., 36, 1-13  

Lankton, S.,R.; Lankton, C.H. (1983). The answer within: a clinical framework of Ericksonian therapy. New York : Brunner / Mazel.

Melchior, T. (1998). Créer le réel. Paris: Seuil.

Michaux, D. (1998). Hypnose, langage et communication. Paris : Imago.

Ostermann, G. (2016). L’hypnose.Une solution pour maigrir ou pour régler les troubles des conduites alimentaires? Diabète & Obésité • 10, vol. 11 1013

Tosti, G. (2023). Le grand livre de l'hypnose. Paris : Eyrolles.

Yapko, M.D. (2006). L'hypnose et le traitement de la dépression. Bruxelles:  Satas. 


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